L’art du mouvement autour de la science
Par Marie-Claude Ainey, modifié par Danielle Bussières
La biomécanique pour comprendre, adapter et performer
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Bien que l’on associe souvent l’aspect comportemental à l’approche éthologique du cheval, les principes de physionomie du mouvement revêtent une importance capitale dans la façon de comprendre et de respecter le cheval dans son ensemble. Ainsi, la biomécanique équine permet d’actualiser nos techniques d’entraînement, afin que les performances de l’athlète équin deviennent la source d’un cheval sain, plutôt que de s’avérer la cause d’un problème. En effet, dans le cadre de cette approche qui met de l’avant l’utilisation des connaissances biomécaniques, on tient compte du mouvement de chaque cheval. La coordination optimale de son corps et l’utilisation de l’effort le plus adéquat pour le travail qui lui sera demandé deviennent le but de cette méthode.
Les progrès technologiques et scientifiques permettent une meilleure compréhension de la physiologie fonctionnelle équine; l’équitation de performance progresse de plus en plus vers cet idéal. Ainsi, l’équipe entraîneur-cavalier peut acquérir ces connaissances indispensables pour, d’abord, identifier les forces et les faiblesses du cheval, puis, pour baser l'entraînement sur ses besoins particuliers afin de profiter de son plein potentiel, sans compromettre sa santé. Comme l’a dit un des plus grands écuyers du Cadre Noir de Saumur, le colonel Margot : « Il n’y a pas de gloire à une victoire faite au détriment de la santé du cheval. » (The Meaning Of Life, par Jean Luc Cornille)
Basées sur la compréhension des exigences biomécaniques de l’équitation, ces stratégies enseignent au cavalier comment être connecté avec son cheval de façon efficace. Le tout menant inévitablement à une meilleure équitation, ayant plus de sens pour les deux parties.
À la lumière des recherches scientifiques et des technologies modernes développées grâce à elles, ainsi qu’à l’aide de la littérature que nous ont laissée les grands maîtres, l’entraînement adéquat de chevaux sans aucune dépendance aux gadgets devient directement concluant. En fait, en comprenant le fonctionnement biomécanique équin et surtout en apprenant comment l’influencer, la plupart des malentendus entre le cheval et son cavalier peuvent être évités. Quant à la majorité des problèmes rencontrés à l’entraînement, ils se résolvent beaucoup plus facilement. |
Adapter l'entraînement pour traiter, réhabiliter et prévenir les problèmes physiques |
Prenons l’exemple d’une boiterie. Lorsqu’elle survient, la médecine traditionnelle traite la plupart du temps les jambes du cheval. Or, avec l’approche biomécanique, on se penchera plutôt sur l’origine du mal, très souvent la région dorsale, pour planifier le traitement à travers l’entraînement.
Ensuite, l’art de la réhabilitation après une blessure ne devient que depuis peu, un champ d’étude sérieux en médecine vétérinaire. Mais déjà, il est possible de constater que cette réhabilitation ne peut se faire en appliquant le même entraînement qui a d’abord causé la blessure. Comme le disait si bien Einstein : « Vous ne pouvez résoudre un problème avec le même type de pensée qui a créé le problème.» (110 citations Albert Einstein - Stratégies de la vie quotidienne). Bref, peu importe que l’approche serve à traiter, à réhabiliter ou à prévenir, les découvertes par exemple de The Science of Motion intéressent de plus en plus le monde équestre. En décortiquant les mécanismes régissant le mouvement de la colonne vertébrale du cheval et en développant des principes éprouvés à propos de l’influence du cavalier ouvre maintenant la voie au travail conjoint à la production d’un équilibre et d’une harmonie, sans blessure. |
Finalement, certains principes généraux permettent de prévoir un entraînement sans douleur. Par exemple, nous savons déjà que plus le cavalier produit du mouvement, plus les muscles dorsaux de sa monture se raidissent. Le même effet de raidissement a aussi été capté électroniquement lors de la détente de son encolure. En même temps, il a été constaté que le cavalier s’assoit sur le point précis du dos du cheval qui dérange son équilibre, c’est-à-dire l’endroit qui compose avec tout son mouvement longitudinal. Cependant, même si ces découvertes semblent à priori un problème, il n’en est rien, qu’au contraire, cela démontre qu’alors, il s’agit des points où le cavalier peut exercer le plus d’influence. Quel genre d’influence ? Là est la question.
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Or, autant dans une approche éthologique que biomécanique, le seul moyen d’arriver à traiter une cause et non un symptôme, c’est de respecter le cheval. Il faut le traiter dans son ensemble, le laisser trouver lui-même ses solutions, lui permettre de s’exprimer pour établir un échange avec lui, plutôt que forcer une soumission.
En effet, cette forme de travail se situe au-delà des règlements, de la soumission à un système, à des règles et des techniques seulement basées sur des aides. Ces techniques d’entraînement doivent se situer à un niveau où l’on considère l’intelligence du cheval : sa moralité, sa sensibilité, son empathie et son sens de l’équité. L’entraînement se transforme donc en une conversation avec le cheval, lui permettant de procéder mentalement et d’optimiser la capacité de son corps pour le travail. |
Performance et collaboration |
Un des problèmes du monde équestre d’aujourd’hui - ainsi que celui de la société moderne - provient de l’empressement des cavaliers à obtenir des résultats performants le plus rapidement possible. Avec les meilleures intentions, il arrive fréquemment qu’on fasse abnégation du respect de l’animal et que l’on compromette sa santé, emporté par notre avidité de succès immédiat. L’impression de réussir vient souvent avec le rapport de force, la soumission de l’animal à l’humain. Assujettir le cheval à une méthode d'entraînement est encore parfois perçu comme un gage de performance; viser une belle collaboration peut donner une fausse impression de faiblesse.
Pourtant, de plus en plus de passionnés équins refusent de croire qu’il n’y a que la contrainte comme approche efficace. D’ailleurs, nombreux sont ceux qui manifestent un besoin grandissant de travailler en relation de confiance avec leur cheval, de lui donner du bien-être avant d’exiger des prouesses compétitives. Tout aussi nombreux sont-ils à exiger des preuves scientifiques de méthodes permettant d’y arriver. |
C’est alors que l’approche en biomécanique, enrichie des recherches et des découvertes scientifiques de la méthode proposée par Solo Hallé prend tout son sens. Comment construit-on un cheval dans son mouvement, au-delà des aides et de la technique ? Comment peut-elle s’avérer bénéfique pour son corps et, de ce fait, pour ses résultats ? En prenant le temps de décortiquer chaque information, en apprenant à connaître la physiologie de sa monture et à la respecter dans son ensemble, la méthode de Solo arrive à faire performer la machine formidable qu’est le cheval.
L’avantage d’une telle démarche, c’est qu’elle permet l’optimisation à long terme de l’utilisation du corps du cheval; l’inconvénient, c’est qu’il s’agit d’un travail de longue haleine, constitué de petites victoires et de grandes doses de patience. Bien sûr, un cheval qui utilise tout le plein potentiel de son corps est voué à décrocher des rubans et à profiter d’une qualité de vie avec son cavalier aussi saine que longue. La technique est payante, mais il faut bien comprendre qu’elle consiste en un investissement et non en un achat. |
Le défi de maintenir un cheval sain, équilibré, en harmonie avec le cavalier ne se relève pas à l’aide d’un gadget ni d’un chéquier. Il réside plutôt dans la constance, la persévérance, l’honnêteté de l’échange et la connaissance approfondie de la morphologie de chaque cheval.
Peu importe le but de plaisance ou de compétition, les amateurs et professionnels d’équitation délaissent heureusement de plus en plus les méthodes néfastes pour les chevaux et leur nature. D’ailleurs, un nombre grandissant d’entraîneurs et d’instructeurs équestres approfondit ses connaissances à propos de la biomécanique équine, car une fois que l’on découvre l’existence de méthodes plus adéquates, que l’on comprend qu’elles permettent de meilleures performances et un meilleur équilibre du corps et de l’esprit, il devient très intéressant de les adopter. N’avons-nous pas tous à coeur l’avancement de ce sport merveilleux ? Absolument. Comme l’épanouissement de la relation homme-cheval, qui depuis toujours, se doit de grandir en humilité et en noblesse. |
Références :
The New Ride with Your Mind Clinic: Rider Biomechanics-Basics to Brillance, Mary Wanless
Equine Biomechanics for Riding: The Key to Balanced Riding , Karin Blignault
"The Practical Application of the Most Recent Discoveries on the Biomechanics of the Horse's Vertebral Column" et “History of Equine Back Research Studies”, Scienceofmotion.com, Jean Luc Cornille
Gerd Heuschmann, Biomechanics of the horse, www.gerdheuschmann.com
Et la précieuse collaboration de : Solo Hallé, Art du mouvement, Entraineur certifié FEQ
Geneviève Dumais, Instructeur certifié FEQ
The New Ride with Your Mind Clinic: Rider Biomechanics-Basics to Brillance, Mary Wanless
Equine Biomechanics for Riding: The Key to Balanced Riding , Karin Blignault
"The Practical Application of the Most Recent Discoveries on the Biomechanics of the Horse's Vertebral Column" et “History of Equine Back Research Studies”, Scienceofmotion.com, Jean Luc Cornille
Gerd Heuschmann, Biomechanics of the horse, www.gerdheuschmann.com
Et la précieuse collaboration de : Solo Hallé, Art du mouvement, Entraineur certifié FEQ
Geneviève Dumais, Instructeur certifié FEQ